Histoire et patrimoine

C’est nichée au cœur d’un paysage de bocage, de bosquets, de haies vives et de chemins encaissés sur la rive gauche de l’Indre où la roche surplombe la rivière que La Châtre s’est implantée au fil des siècles.

Sur les hauteurs de la ville vient s’installer au début du Moyen Âge une première motte féodale. La ville se développe rapidement grâce au travail du cuir en contrebas. L’Indre et ses affluents deviennent le poumon économique et verdoyant de la cité médiévale, qui se protège désormais derrière les murs épais d’une enceinte fortifiée. Au fil des siècles, les ruelles étroites et sinueuses de la vieille ville se font trop étroites pour la circulation des hommes et des biens. Les goûts et les mœurs évoluent après la révolution française et La Châtre casse sa gangue de pierre pour se doter d’une urbanisation plus moderne, rectiligne et raisonnée. Apparaissent les premiers squares, promenades et avenues désormais plantées de tilleuls et de platanes.

La cité castraise, de tout temps, a joué son rôle de ville-pôle dans ce bassin de vie. Avec sa situation géographique au sein d’un des grands bocages de France, son riche patrimoine architectural qui lui confèrent un charme, une qualité de vie reconnus, La Châtre bénéficie d’un intérêt touristique en pleine croissance et offre un cadre de vie très agréable.

DONJON DES CHAUVIGNY

Ici se tenait le château construit en 1424, résidence des Chauvigny, seigneurs de La Châtre. Seul subsiste le donjon d’une hauteur de 20 mètres dont les murs de 2 mètres d’épaisseur sont percés de meurtrières. À partir de 1734, la tour servit de prison. En 1937, la prison fut supprimée et le bâtiment fut racheté par Jean Despruneaux. Il en fit un musée privé rassemblant les souvenirs des amis de George Sand et de la romancière elle-même. En 1939, il accueillit la collection ornithologique du musée municipal et devint en 1954, à l’occasion du cent cinquantenaire de la naissance de George Sand, le “Musée George Sand et de la Vallée Noire” que M Despruneaux légua à la ville de La Châtre en 1966.

PONT-AUX-LAIES

Il s’agit d’un pont médiéval à deux arches inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques. Il est situé à l’emplacement de l’ancienne voie romaine. Son éthymologie reste floue et son orthographe aussi : Pontaulais, Pontaulay, Pont au legs, Pont aux Laies, … Une légende prétend que des laies auraient tenté de pénétrer dans la ville par ce pont lors d’une année de sécheresse.

FONTAINE SAINTE RADEGONDE

La Grand’Font était autrefois consacrée à Notre-Dame. La croyance populaire y a ensuite attaché le culte de Sainte-Radegonde (521-587). Mentionnée dans les archives dès le XVe siècle, cette fontaine miraculeuse jaillissait initialement du rocher avant d’être reconstruite sous le Second Empire à son emplacement actuel. On y faisait brûler des chandelles pour la bonne délivrance des femmes en couches.

MAISON DE BOIS, PLACE LAISNEL DE LA SALLE

Ancienne place dite “du Pavé“, cette petite place porte aujourd’hui le nom de Laisnel de la Salle (1801–1871), maire adjoint de La Châtre, auteur de Croyances et Légendes du Centre de la France et ami de George Sand. Cette place abrite une ancienne demeure de La Châtre : “la Maison de Bois” du XVe siècle. Elle fut construite par une riche famille de marchands et laisse apparaître de beaux colombages, une magnifique porte cloutée ancienne à accolade sculptée. La teinte rouge date de sa restauration au XIXe siècle. George Sand évoque cette “maison rouge” dans son roman André. Elle y fait habiter son héroïne, une fleuriste du nom de Geneviève. “Avant de sortir d’une petite rue tortueuse et déserte, il lui montra une vieille maison de brique, dont tous les pans étaient encadrés de bois grossièrement sculpté. Un toit en auvent s’étendait à l’entour et ombrageait les étroites fenêtres”.

PLACE DU MARCHÉ

Cette grande place devint la place principale de la ville à partir du XVe siècle. Quelques demeurent anciennes témoignent de cet âge d’or qui vit s’amorcer le développement industriel et commercial de La Châtre. Rue du Marché, la maison à colombages, qui date du XVe siècle fut au XIXe siècle la demeure de Sylvain Chicot chez lequel George Sand s’approvisionnait en chandelles, cire et tabac. La maison dite “pointue” qui date également du XVe siècle, donne son caractère médiéval à la petite rue qui la borde. Jules Sandeau (écrivain et amant de George Sand), habita en bordure de cette place entre 1818 et 1832. Il lui inspira son pseudonyme, directement tiré du nom Sandeau.

PALAIS DE JUSTICE | PLACE DE LA RÉPUBLIQUE

Au XIVe siècle, après l’épidémie de peste, cette place servit aux inhumations. Par la suite, elle devint le champ de foire jusqu’en 1850, date à laquelle fut édifié le Palais de Justice. L’ancien Hôtel-Dieu de la Trinité se trouvait entre les numéros 4 et 12 de la rue Duguet. En 1921, la Municipalité décida d’élever un monument pour garder le souvenir des nombreux morts de la guerre 1914-1918. La réalisation fut confiée au sculpteur berrichon Ernest Nivet, élève de Rodin. Inauguré le 18 novembre 1923, le monument représente la Berrichonne éplorée qui se tient près d’une lanterne des morts ; elle symbolise la douleur des veuves et des mères des soldats.

THEATRE MAURICE SAND

En 1708, à l’initiative d’acteurs amateurs de la ville, les communs du couvent des Carmes furent transformés en salle de spectacle. Maurice Dupin, père de George Sand s’y produisit. Devant la dégradation du lieu, il fut décidé en 1809 que le théâtre quitterait les communs pour s’installer dans l’église du couvent, son emplacement actuel. Il connut alors ses heures de gloire entre 1830 et 1850. George Sand assista à de nombreuses représentations et certaines de ses pièces y furent jouées comme Claudie. En 1904, la Comédie Française vint y présenter “François le Champi” pour le centenaire de la naissance de l’écrivain. La salle fut une première fois modernisée vers 1935 suite au développement du cinéma. En 1994, la salle fut complètement restaurée en un magnifique théâtre à l’italienne de 200 places. Elle porte le nom du fils de George Sand, Maurice, homme de théâtre et de marionnettes.

HOTEL DE VILLE | COUVENT DES CARMES

L’Hôtel de Ville a pris place dans le chœur du couvent des Carmes en 1838. Le couvent quant à lui, fut édifié à la fin du XIVe siècle pour remercier les Carmes de leur dévouement lors de l’épidémie de peste qui frappa la ville en 1348. Quelques vestiges subsistent encore : la chapelle Notre-Dame de la Pitié (actuel foyer du Théâtre) ainsi que la porte en ogive qui marque l’entrée de la salle Maurice Sand.

L’EGLISE SAINT GERMAIN

L’église actuelle se situe sur l’emplacement historique du cœur de la cité fortifiée de La Châtre. La première église de la ville fut probablement construite au XIe siècle.

Après l’incendie de La Châtre en 1152, un autre édifice fut érigé, doté d’une nef de 30 mètres de long. Le clocher quant à lui ne fut construit qu’au XVIe siècle. Il fut reconstruit en 1895 suite à une donation mais aucun calcul de fondations n’ayant été réalisé, il s’écroula un an plus tard, entraînant avec lui la nef. Les habitants se montrèrent généreux pour participer à la construction de l’ensemble de la nouvelle église. Celle-ci fut consacrée le 16 octobre 1904. A l’intérieur, se trouve une piéta du XVe siècle provenant du couvent des Carmes.

CHATEAU D'ARS

Cette demeure féodale a subi des transformations importantes à la Renaissance et une multitude de propriétaires connus ou inconnus. La construction de la bâtisse remonte au XIIIe siècle. Bien que juché sur les hauteurs de La Châtre et entourée de douves, elle n’eut jamais de véritable caractère défensif. On retrouve la trace d’Ars dans les textes à partir du XIe siècle, lorsque Raoul II de Déols créé la baronnie de La Châtre pour son fils Ebbes. Ars en est un des fiefs. Une étude stylistique de l’architecture des deux grosses tours permet de dater la construction vers la moitié du XIIIe siècle. Les origines du château sont encore aujourd’hui mystérieuses et l’on ne connaît pas le nom de son premier propriétaire ni la date exacte de sa construction.

Après un long silence, on retrouve la mention d’un seigneur d’Ars au XVe siècle : Louis d’Ars, né au château vers 1465. Ce dernier grandit et apprend le métier des armes. Il devient alors lieutenant du Duc de Luxembourg et a sous ses ordres le jeune Chevalier Bayard. C’est avec lui qu’il guerroie en Italie pour le compte du roi Louis XII et qu’il s’illustre lors de la retraite de Vénouze dans les Pouilles. Louis, ce petit seigneur berrichon, dut vraiment être un rude guerrier : Ars est érigé en marquisat par Louis XII et un acte de François 1er le cite comme Duc de Trèmes. Il aura alors cette phrase illustre : « Duc de Trèmes, je suis Seigneur d’Ars, je reste ! ».

Il est fort probable que séduit par l’Italie et ses arts, il soit à l’origine de la transformation du château d’Ars en château de style renaissance. La date de sa mort est inconnue. N’ayant pas de descendance, il lègue vers 1530 le château à sa sœur Marguerite. Elle ne le conserve que quelques années et le vend en 1545 à Marguerite Douerou, veuve de Jean de la Forest.

Le château d’Ars entre dans la famille De la Forest et de leurs descendants pour de nombreuses années et ne changera de propriétaires qu’en 1688, quelques 150 ans plus tard … La fille de Marguerite, Anne De la Forest (Dame Gouvernante des filles damoiselles de Catherine de Médicis) et son époux Pierre de Chamborant (gouverneur de la Grosse Tour d’Issoudun) deviennent propriétaires du domaine en 1584 et poursuivent les travaux de modernisation de la façade renaissance. Le château conserve néanmoins une allure féodale avec tours, tourelles, barbacanes, murailles et pont-levis.

Entre 1650 et 1680, Ars est abandonné par ses héritiers, qui n’y font que de rares apparitions et pendant plusieurs dizaines d’années, il connaît une valse effrénée de propriétaires, jusqu’à ce qu’il soit acheté par Jean Jérôme Bardon en 1755. Cet ancien notaire et bourgeois de Paris trouve alors une demeure en bien triste état. Il entreprend des travaux de restauration, fait planter le parc que l’on connaît aujourd’hui et agrandit les terres. Contrairement à ces prédécesseurs, il va faire fructifier son bien.

Il revend le domaine en 1782 à deux frères, Jean-Baptiste et Jacques Papet, anciens fermiers de la seigneurie de Sarzay. La révolution française arrive … Les Papet ne sont pas nobles, le château ne sera donc pas un bien national ! Le petit fils du premier frère, Gustave Papet, médecin fortuné et ami de George Sand depuis l’enfance, sera le premier docteur appelé à Nohant, au chevet de Frédéric Chopin, lors du retour de Majorque au printemps 1839. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans l’œuvre de la romancière, « Les beaux Messieurs de Bois-Doré », l’espagnol d’Alvimar arrivant au castel d’Ars chez son ami Guillaume d’Ars. Depuis la mort d’Angèle, la fille unique de Gustave Papet à la fin du XIXè siècle, le domaine s’est émietté au fil du temps passant de mains en mains au cours du XXe siècle.

Le Château d’Ars est racheté par la Ville de La Châtre en 1981 qui en a fait un lieu culturel incontournable du territoire. Il accueille chaque année les expositions estivales du Musée George Sand de mai à septembre et en juillet le festival Le son continu, rassemblement des instruments et musiques populaires. Des aménagements modernes permettent également de louer certaines salles pour des manifestations privées.